Jeudi 29 février à 18h : Réussite industrielle avant guerre, persécution anti-juive sous Vichy, résilience après guerre.

Cette séance sera animée par Gérard Najman de Cachan et Annie Thauront d’Arcueil.

La famille Klapisch à Cachan

Béatrice Klapisch et son père Joseph en 1931.
Coll. Béatrice Klapisch

Le physicien Robert Klapisch, né le 26 décembre 1932 à Cachan, est décédé le 28 mars 2020 : cela a été l’occasion d’une recherche sur l’installation en 1921 et la vie de cette famille juive à Cachan, une activité industrielle de pointe dans son domaine au 43 rue Camille Desmoulins : fumaisons et salaisons, avec la production de harengs, de maquereaux et de sprats, puis à partir de 1930 de saumon fumé.

La guerre arrive avec la défaite de la France, la débâcle, l’occupation allemande et la collaboration du gouvernement de Vichy avec son statut des Juifs : l’arrestation de Joseph lors de la rafle du billet vert, son internement dans le camp de Beaune-la-Rolande, sa déportation vers Auschwitz où il sera assassiné, l’aryanisation de l’entreprise qui conduit à sa fermeture, la dispersion du reste de la famille, sauf Hilda, l’épouse de Joseph, qui reste à Cachan avec ses filles …jusqu’à la rafle du Vel’ d’Hiv’ du 16 juillet 1942 à laquelle elles échappent grâce à l’aide de voisins. Tout le monde se cache en zone sud, jusqu’à la fin de la guerre. L’activité de l’usine reprend. Les enfants ont grandi, poursuivent de hautes études ou entrent dans la vie active. Gérard Najman


Abraham et Tina Bercovici et Adrien Bréger à Arcueil

Abraham et Tina Bercovici vers 1935.
Coll. Michèle Lévy-Bonvalot.

La pose des plaques commémoratives en 2022 en hommage aux déportés juifs d’Arcueil a donné lieu à plusieurs recherches, dont une sur la rue Branly et une autre sur la maison du 15 rue du Dr Gosselin, où après la Libération avait été posée une plaque, relative à un mouvement de résistance arcueillais qui y avait fait son centre de commandement.

Avaient habité au 16 rue Branly le tailleur Abraham Bercovici, sa femme Tina et leurs enfants. Le couple Bercovici sera arrêté par la police française le 25 septembre 1942, lors de la rafle des juifs roumains, à leur nouveau domicile à Paris et déporté. A leur décès à Auschwitz, ils avaient respectivement 59 et 56 ans. Abraham était arrivé de Bucarest à Paris en 1895 comme apprenti tailleur. Il fut embauché dans les ateliers de confection de vêtements militaires Burberry. C’est là qu’il rencontra son épouse qui y travaillait comme couturière. De 1912 à 1913, Abraham part au Transvaal en Afrique du Sud travailler pour Burberry. Revenu à Paris pendant la guerre de 1914-1918, il imaginait, en 1940, que sa participation à l’équipement des soldats, vue comme effort de guerre, lui assurerait la protection de la France… En 1928, alors qu’il habite Arcueil, où naîtront trois de ses douze enfants, il est naturalisé français. Erik Satie appréciait Abraham Bercovici qu’il vint voir régulièrement à la fin de sa vie.

La maison du 15 rue du 8 mai 1945 était la propriété depuis 1938 de l’éditeur-imprimeur Adrien Bréger et de sa femme Marie-Louise Fribourg, parisiens de familles juives d’Alsace-Lorraine. Adrien Bréger avait fait son droit mais décida de reprendre la maison d’édition de cartes postales qui avait été celle de son père et de son oncle. En 1939, il est mobilisé. Fait prisonnier le 20 juin 1940, incarcéré au Stalag VII A, simulant les symptômes du diabète, il est libéré le 1er juin 1941. Ayant rejoint la zone libre, il est arrêté avec son frère par la Milice à Clermont-Ferrand pour avoir fabriqué des faux papiers ; ils seront transférés à Drancy le 2 juin 1944, mais échapperont à la déportation, le camp de Drancy ayant été libéré. Leur secrétaire Mme Girouard, arrêtée elle-aussi, mourra à Ravensbrück. Après la Libération, Adrien Bréger récupéra sa maison qui avait été réquisitionnée par l’occupant et son entreprise qui avait été aryanisée. Son imprimerie, Hélio-Cachan, située à l’origine 5 rue de la Grange Ory à Cachan, près de la N20, sera installée en 1966 à Chilly-Mazarin jusqu’au dépôt de bilan en juillet 1975. Avec sa carte postale Iris-Mexichrome, il assurait alors les 3/4 de la production française de cartes postales. Aucune solution de reprise n’ayant abouti, Adrien Bréger vendra ses biens (dont sa maison de la rue du 8 mai 1945) pour rembourser ses emprunts bancaires. Annie Thauront