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Ménika Chilischi (1915-1944), résistante de la MOI. |
À la suite d’une recherche sur les lieux d’habitation des victimes arcueillaises du nazisme, nous avons découvert que plusieurs résistants ayant appartenu à la Main d’œuvre immigrée (MOI) avaient habité Arcueil, avenue Richaud, une petite rue tranquille proche de la station Laplace : au 44 de cette rue, Boruch Lerner, juif roumain, adjoint de Meyer List, chef du 2e détachement de la MOI, qui fut responsable d’un dépôt d’armes, arrêté le 29 juin 1943, fut fusillé au Mont-Valérien le 1er octobre 1943 en même temps que Meyer List et deux autres résistants de la MOI ; il avait 28 ans 9 mois et 28 jours ; son épouse Hadassa Tenenbaum sera arrêtée le 30 juillet 1943 et déportée par le convoi n°58 du 31 juillet 1943 pour Auschwitz ; elle en revint ; ils étaient parents d’un garçon né à Arcueil le 27 août 1942 ; au 43 avenue Richaud, une jeune juive roumaine Menika Chilischi qui fut agent de liaison et son compagnon Jacov Stambul qui faisait partie du 4e détachement dit des « dérailleurs ». Menika Chilischi fut appréhendée le 17 novembre 1943 à son domicile arcueillais par deux policiers des brigades spéciales. Son arrestation eut lieu dans le cadre des arrestations des membres de la MOI dont celle de Missak Manouchian, qui, condamné à mort, sera fusillé au Mont-Valérien avec 21 de ses camarades le 21 février 1944 et Olga Bancic qui sera décapitée dans une prison d’Allemagne le 8 mai 1944. Dix de ces résistants sont les héros de « l’Affiche Rouge ». Jacov Stambul sera arrêté, torturé et déporté le 22 janvier 1944 de Compiègne à Buchenwald et en revint. Transférée à Drancy par la police française, Menika Chilischi fut déportée comme juive pour le camp d’extermination d’Auschwitz par le convoi n°67 du 3 février 1944. Elle fut gazée à son arrivée. Elle avait 28 ans 2 mois et 28 jours. Menika Chilischi était née à Kichinev (Bessarabie) comme Olga Bancic et comme Ida Kiro, elle-aussi membre de la MOI, arrêtée le 17 novembre 1943 et morte en déportation. L’histoire de Menika Chilischi m’a donné l’occasion de traiter de celle de ces résistantes étrangères qui donnèrent leur vie dans la lutte contre le nazisme et dont on ne parle pas mais aussi de revenir sur les méthodes de filatures des brigades spéciales. J’ai profité de cette recherche pour rappeler l’histoire de « la Gestapo française », une bande de criminels autour de Bonny et Lafont qui assassinèrent et volèrent pour leur propre compte et pour celui de la Gestapo. Raymond Clavié, l’un des deux neveux de Lafont, protégé de la Gestapo, qui échappa à l’arrestation à la Libération, habitait en 1942 à Arcueil, 9 rue de Chinon. Huit membres de cette bande dont Pierre Bonny, Henri Lafont et Paul Clavié, frère aîné de Raymond, furent fusillés au fort de Montrouge le 27 décembre 1944.
Annie Thauront
Lire le dossier : Menika, Olga, Ida et les autres… des étrangères dans la Résistance.