Histoires des propriétaires successifs de 1757 à 1938 d’une maison bourgeoise arcueillaise devenue en 1834 la Maison de campagne du Collège des Irlandais

Revisitant les grands domaines d’Arcueil-Cachan pour effectuer un état des lieux de la commune à la veille de la Révolution française, j’ai été amenée à consulter les archives mises en ligne par le Centre culturel irlandais sur la propriété que possédait le Collège des Irlandais à Arcueil. Cela m’a permis de constituer une base de données des propriétaires successifs d’une « maison bourgeoise » située dans le quartier des Irlandais à Arcueil, où sont la cité HLM des Irlandais (construite entre 1958 et 1960), le parc Erik Satie inauguré le 25 juin 1966 par Marcel Trigon et Darius Milhaud et l’Ehpad « la Maison du Grand Cèdre » ouvert en 2012. Dans cette cité HLM des Irlandais à l’escalier 17, bâtiment G, vécut de 1960 à son décès le 10 mai 1998, Mme Hélène Ksiazek, veuve de l’algérois d’origine européenne Fernand Iveton qui fut « guillotiné pour l’exemple » le 11 février 1957 à Alger. (voir notre article les concernant sur ce blog intitulé De ces femmes blessées). 

Aucune des archives consultées du Centre culturel irlandais ne mentionne une quelconque propriété du Collège des Irlandais avant 1834, date à laquelle son supérieur, le révérend Mac-Sweeny, achète pour 46 500 F à l’architecte Hubert Rohault de Fleury une « maison bourgeoise » avec son parc et ses jardins située 99 rue de la Fontaine à Arcueil. La maison n’eut pas moins de dix propriétaires successifs de 1757 jusqu’à 1938. Je présente l’histoire et la généalogie de six d’entre eux. N’est pas développée la période contemporaine figurant au dossier de Henri Toulouze intitulé « Les Irlandais de la maison de campagne d’antan à la cité d’aujourd’hui » paru sur le blog de la médiathèque d’Arcueil, quand la propriété devint siège des laboratoires Innothéra du pharmacien Chantereau, la Cité HLM « Les Irlandais » et l’établissement pour personnes âgées « La Maison du Grand Cèdre ». Cette recherche, initiée par le conservateur du patrimoine d’Arcueil, tente de répondre à plusieurs interrogations de Henri Toulouze figurant dans son dossier. Je pense y avoir réussi. Cela fut pour moi l’occasion de raconter, plus qu’une histoire des propriétaires d’une maison arcueillaise, celle de Paris et de ses représentants de corporations disparues à la Révolution, de ses artistes et de sa bourgeoisie fortunée, telle que l’on peut la découvrir grâce aux portraits de Dominique Ingres et aux comédies de Eugène Labiche, tous deux apparentés aux propriétaires de la dite maison. Bonne lecture à tou(te)s d’une recherche qui couvre encore une fois une longue période historique de Louis XV à la Troisième République.

L’histoire des propriétaires de la future « Maison des Irlandais » est présentée en quatre dossiers :

En premier lieu : l’affaire de l’imprimerie clandestine du clergé, avec l’histoire et la généalogie du procureur à la cour des monnaies Jean-Claude Bailly (1729-1765) et son épouse Marie-Louise Langlois, de l’abbé Pierre-François Lechanteux décédé en 1785, aumônier du Duc d’Orléans et du libraire-imprimeur de l’Almanach royal Laurent-Charles d’Houry (1723-1786) et son épouse Jeanne Nérat. 

Dans la seconde partie : Antoine-Christophe Gerdret (1749-1793) négociant de mousseline pour Marie-Antoinette devenu fabricant de draps à la Révolution, son épouse Anne Lefébure et leurs fils établis comme filateurs de draps à Louviers et leur descendance. 

En troisième partie, le fabricant de chandelles et député Hippolyte Ganneron (1792-1847), le marchand de draps Jean-Isidore Adeline (1774-1850) et l’architecte Hubert Rohault de Fleury (1777-1846), riches bourgeois parisiens.

et enfin, dans le quatrième et dernière partie de ce dossier, l’histoire du Collège catholique parisien des Irlandais et sa maison de campagne acquise à Arcueil en 1834 avec ses projets de transformation sous l’administration de l’abbé Ouin-La-Croix (1817-1879). 
Annie Thauront